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Francis Moreau

Présentation de travaux de recherches historiques et généalogiques

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Simon Strahlheim (1823-1893) ou le triomphe du capitalisme

 

Simon Strahlheim est un homme d'affaires franco-américain. D'origine juive allemande, il s'établit aux États-Unis, puis en France. Ami de la famille Arlès-Dufour, il a des sympathies pour le mouvement saint-simonien. Il fonde sa société parisienne de négoce avec le concours d'Adolphe Hertz, père du sociologue Robert Hertz. Ses enfants s'orienteront vers les activités bancaires, financières et philanthropiques.

Une rencontre inattendue

Dix-neuf juillet 1870. Napoléon III déclare la guerre à la Prusse. Le Parlement siégeant à Paris s'est rangé derrière l'empereur. Un seul sénateur a osé voter contre cette guerre: Michel Chevalier [1]. Il avait été parmi les premiers à adhérer au programme pacifiste énoncé par le prince président à Bordeaux, et parmi les premiers aussi à se rallier au Second Empire après le coup d'État du deux décembre suivant. Sans jamais participer directement au pouvoir, il avait toujours soutenu le « Napoléon industriel » appelé par le journal « Le Globe » saint-simonien de 1832. Mais en ce jour tout basculait. Le promoteur du tunnel sous la Manche et du percement de l'isthme de Panama se voyait isolé, incompris, ignoré. Son séjour à Paris devenu sans objet, Chevalier prend le train pour Bayeux où l'attend une voiture hippomobile qui le conduit à la petite station balnéaire d'Asnelles sur la côte normande. Il y restera plusieurs mois. Durant ce séjour solitaire, les événements vont se précipiter. Le deux septembre l'empereur est fait prisonnier à Sedan. Le quatre septembre, à l'initiative de Gambetta, la république est proclamée. Dans une lettre du 25 mars 1873 il avouera: « Je pense qu'après Sedan, le mieux eût été, au lieu de renverser l'Empire, de le garder pour faire la paix en toute hâte.... Il est aujourd'hui opportun et nécessaire de prendre un parti relativement au nom du gouvernement. Il faut se résoudre à dire : " Nous sommes en République" et, comme disent les Anglais, " To make the best of it", très franchement» [2] .

Asnelles-la-belle-plage
Asnelles-la-Belle-Plage, villa "Les Tamaris". Carte postale, crédits Un siècle d'histoire du Calvados.

A Asnelles, dans le courant du mois d'octobre, Michel Chevalier rencontre un curieux personnage, enthousiaste, volubile, brasseur de projets, très peu idéologue. Il se nomme Simon Strahlheim. C'est un self-made man américain, d'origine allemande, qui est là pour affaire. Il compte bien profiter du dessèchement des marais pour lancer une opération immobilière dans cette agréable station du Calvados. Et, comme pendant toutes les guerres on se méfie du voisin, Chevalier interroge son ami François Barthélemy Arlès-Dufour : «Nous avons dans ce village d'Asnelles une personne qui m'a accosté en se prévalant de vous qu'il dit beaucoup connaître, Mr. S. Strahlheim ; il s'est dit Américain, je crois, mais parle parfaitement le français. Il a récemment fait un voyage en Allemagne. Est-il vraiment de vos amis ?» [3] Il l'était en effet. Lors d'un séjour d'Arlès-Dufour à Paris, Simon Strahlheim lui avait demandé de l'aide afin de lui procurer permis de séjour et passeport. Arlès-Dufour, saint-simonien comme Chevalier, autodidacte, homme d'affaires, pacifiste, fondateur du Crédit Lyonnais, ne pouvait ignorer Simon Strahlheim, commissionnaire en marchandises, dirigeant de la société Strahlheim et Hertz succursale de Strahlheim & Co de New-York. Pour l'heure, Simon Strahlheim élaborait avec son architecte, Charles Leverrier de Bayeux, les plans de la future villa « Les Tamaris » qui allait bientôt embellir la promenade de la mer [4] .

Origine familiale

Simon Strahlheim est né le 2 mars 1823 dans la petite ville de Hofheim alors dans le duché de Nassau (Allemagne). On ignore l'activité exacte de ses parents, Hegeim Simon et Fanny Herz, qui appartenaient à la communauté juive, peu nombreuse, de cette citée industrielle renommée pour ses bains d'eau froide. On peut penser qu'Hegeim exerçait une activité commerçante comme la plupart des membres de sa communauté.

La présence des juifs à Hofheim remonterait au XIVe Siècle. En 1399, un Juif nommé Manden, qui vivait à Hofheim, est mentionné pour la première fois. Une communauté permanente semble y être installée dès la fin du XVIe siècle. Elle possédait une synagogue, une école religieuse et un bain rituel. Les morts de la communauté étaient enterrés dans le cimetière juif de Niederhofheim et plus tard à Bad Soden. La synagogue était rattachée au district rabbinique de Wiesbaden [5].

Comme nombre de ses contemporains, le jeune Simon Strahleim décide de quitter sa ville natale et de s'expatrier aux États-Unis afin d'y développer l'activité de négoce, importations de dentelles et articles de Paris, qu'il songeait à créer. Le XIXe siècle était en effet le théâtre d'un vaste mouvement migratoire dont l'ampleur ne cessait de s'accroître au fil des années. Il était tout à la fois le fruit de la Révolution industrielle, de la croissance démographique et de la modernisation du monde juif.

Développement des Affaires

Simon Strahlheim arrive à New-York en 1843. Il fonde immédiatement sa maison de commerce, importation de tissus et dentelles "lace goods", 78 William st et 63 Maiden lane [6]. Il ne tarde pas à contracter mariage (il sera naturalisé en 1850) avec Fanny Mails (1831-1870). Le père de sa jeune épouse, Samuel Mails, était mort prématurément au mois de mars 1841, lors du naufrage du paquebot britannique SS President, pris dans une tempête et perdu corps et biens au cours de sa troisième traversée de l'Atlantique [7]. C'était le plus grand navire du monde lors de sa mise en service en 1840. L'ascension sociale est rapide. En 1856, la société Strahlheim & Co occupe l'entier second étage d'un immeuble de Manhattan, au 69 Broadway street [8]. Elle occupera aussi les locaux du 44 Barclay st. Au mois de novembre 1868, il s'associe avec Adolphe Hertz pour fonder une succursale à Paris, Strahlheim et Hertz, dont le siège est établi au 13 rue de Trévise, dans le 9e arrondissement, puis 25 rue d'Hauteville dans le 10e ( La maison de commerce s'établira un peu plus tard au 67, avenue de l'Alma (aujourd'hui «George V», 8e arrondissement) [9].

Les affaires sont prospères. Mr et Mme Strahlheim font de nombreux voyages en Europe: en 1854 sur le vapeur «Pacific»; en 1863 sur le «Persia»; en 1865 sur l' «Europa» [10]. Sur ce dernier vapeur transatlantique, ils sont accompagnés de leurs quatre enfants et de deux domestiques. La famille vient s'installer à Paris, au 7 bis boulevard de Montmorency dans le 16e arrondissement. Simon Strahlheim et Fanny Mails auront sept enfants. Finna, née en 1855 à New-York; Henry né en 1857 [11]; William en 1859 [12]; Lina en 1863 [13]; tous à New-York, puis Julie en 1865 [14]; Georges en 1867 [15] et enfin Alice en 1870 [16], ces trois derniers enfants nés à Paris. Mais la mère, épuisée par ses accouchements, meurt à 38 ans, peu après la naissance d'Alice [17]. C'est à la suite de ce drame que nous avons rencontré Simon dans la petite station d'Asnelles. Le 20 mars 1873, Finna, âgée de dix-sept ans, épouse l'associé Adolphe Hertz, son aîné de quatorze ans [18].

19-21 Greene Street, NYC
Façade du 19-21 Greene Street à New York, sur Google Maps.

En 1871-1872, La société est à son apogée. Simon Strahlheim fait construire un immeuble pour ses entrepôts au 19/21 Greene street, dans le quartier de Soho. L'immeuble compte six étages et pas moins de six aires de chargement. L'architecte en est Henry Fernbach. Comme la plupart des immeubles de ce quartier, la façade est en fonte [19].

Le 10 février 1874, à Paris, Simon, désormais veuf, épouse Mathilde de Rosenthal (1848-1914), fille du docteur David Rosenthal, médecin-chef de l'Ancien Hôpital juif de Varsovie [20]. Mathilde, est la jeune veuve de Nicolas Alexandre de Trefurt décédé en 1865. Simon et Mathilde auront deux autres enfants: Casimir Ignace, né à Paris en 1875 et Rachel Olga, née elle aussi à Paris en 1877 [21]. Mathilde de Rosenthal avait émigré en France, en compagnie de ses sœurs Élise (1838-1901) et Annette (1854-1915). Élise avait épousé en 1857 Jacques Maurice Cohn, juif émigré polonais, commissionnaire en marchandises au 21 rue d'Hauteville à Paris 10e [22].

Simon Strahleim et son fils Henry, menaient également des actions philanthropiques. En 1885, ils sont tous les deux membres adhérents du comité de direction de l'hôpital du Mont-Sinaï à New-York [23].

Simon Strahhleim devait décéder le 6 mars 1893, 51 rue Pierre Charron à Paris 8e [24]. Ses enfants vont se disperser entre les États-Unis, la France, l'Espagne et l'Algérie.

Mount Sinai Hospital
Edward and Henry T. Anthony & Co., Mount Sinai Hospital. New York City, stéréographie vers 1869, J. Paul Getty Museum.

De Strahlheim à Stralem

Casimir Ignace Strahlheim(1875-1932), le fils aîné de Simon et Mathilde de Rosenthal, aura la charge de perpétuer à New-York l'œuvre de son père. Il est né le 17 février 1875, au 6, rue Leroux à Paris 16e arrondissement. Il suit ses études secondaires à l'école Monge, d'inspiration saint-simonienne (aujourd'hui Lycée Carnot). Naturalisé Français en 1892, il choisit pourtant de faire carrière aux États-Unis. Le vingt-cinq février 1901 à New-York, il épouse Edithe Alice Neustadt et dans un souci d'intégration édulcore le côté germanique de son nom de famille en le transformant en Stralem, plus audible pour un américain. Il s'établit à New-York où il sera notaire public et partenaire de la banque Hallgarten & Company entre 1904 et 1932 [25]. Ses enfants vont se tourner également vers les activités bancaires:

1) Marjorie Agnès Stralem, née le 8 novembre 1901 à New-York et décédée en 1995. Elle avait épousé Maurice Schwob, né en 1897 à Paris et Mort pour la France au large des côtes anglaises le 17 avril 1944.

2) Donald Sigmund Stralem, né le 28 juin 1903 à Port Washington (New York) et décédé le 1er février 1976 à Palm Springs (Californie), sera banquier d'investissement et philanthrope. Il avait épousé le 11 avril 1928 Jean Lehman Ickelheimer (1908-1994), fille de Henry Ickelheimer (1868-1940) et de Pauline Lehman (1886-1961). Jean Lehman était la petite-fille de Philip Lehman (1861-1947), premier président du conseil d'administration de la banque Lehman Corporation-Lehman Brothers. Elle était aussi collectionneur d'art et réputée pour avoir été une grande bienfaitrice en faveur des enfants handicapés. En 1994 sera créé le Jean Stralem Child Development Center. Dans la collection d'œuvres d'art de Donald et Jean Stralem figuraient: Toulouse-Lautrec (in bed: the embrace); Matisse (The Hindu pose et Girl at the piano); Picasso (Portrait de Angel Fernandez de Soto, Barcelone 1903); Georges Rouault, Odilon Redon, Edgar Degas, Cézanne.

3) Pete Stralem, né le 17 octobre 1911 à Chappaqua (État de New-York) et décédé le 3 décembre 1997 à Houston (Texas). Il avait épousé Nancy Lou (1912-1995). Banquier: Stralem & Company; Hallgarten & Company; Moseley, Estabrook & Hallgarten.

On le voit, l'évolution presque naturelle de l'activité commerciale trouve son aboutissement dans le secteur bancaire et la haute finance. Aujourd'hui, le nom Stralem se perpétue dans la société d'investissement international Stralem & Company Incorporated, une société privée de gestion d'actifs dont les ramifications s'étendent jusqu'en Europe.

Saint-Simonisme et cosmopolitisme

De 1820 à 1880, deux cent cinquante mille juifs s'implantèrent aux États-Unis. L'émigration qui venait d'Allemagne s'était déroulée durant un long processus qui devait conduire à l'émancipation des juifs en 1871. Comme en France, l'essentiel de la population juive se retrouvait de préférence dans les grands centres urbains. Il s'y construisait une solidarité financière qui le plus souvent liait les familles d'une même région. Une bourgeoisie aisée se développa rapidement parmi la communauté juive allemande. Des entrepreneurs ou des banquiers réussirent particulièrement bien comme les Guggenheim, les Lehman, les Heidelbach ou les Stralem.

Le cosmopolitisme, inhérent à la culture juive, apparaît également comme un élément structurel de l’histoire des communautés, lorsque celle-ci s’interpénètre avec celle des pays et des peuples avec lesquels les juifs vivent. C'est le cas en France comme aux États-Unis et dans bien d'autres pays.

Simon Strahlheim est le représentant plutôt typique du juif allemand de naissance, citoyen américain et français, entrepreneur international et adepte du libre-échange. Tel nous l'avons trouvé à Asnelles. Il s'entretient avec Michel Chevalier. Il évoque ses relations avec Arlès-Dufour. Ces deux hommes (Chevalier et Arlès-Dufour) sont ou ont été d'ardents saint-simoniens. C'est qu'il existe dans le saint-simonisme, une exaltation des entrepreneurs. Saint-Simon a été un des premiers à concevoir la richesse comme produit de l’activité manufacturière ou commerciale et non plus de l’agriculture. Si la propriété foncière est dénoncée comme fruit de l’oisiveté, le flux de richesses généré par le commerce et l’industrie y est tout au contraire encouragé. Simon Strahlheim ne peut qu'adhérer, au moins en partie, à l'idéal saint-simonien, il est pacifiste, il est «européiste» avant l'heure, il est adepte du libre-échange, il n'est sans doute pas socialiste. À ses yeux, la prospérité ne s'acquiert pas par la guerre, ni non plus par les taxes excessives, ni par le cloisonnement des frontières. Il donne à ses enfants une éducation inspirée du saint-simonisme, son fils Casimir sera inscrit à l'école Monge fondée et dirigée par Aimé Godard [26]. Les Saint-simoniens, qui avaient compris l'importance des techniques modernes, sont parvenus à insuffler un grand dynamisme à une génération d'hommes d'affaires (comme Strahlheim) et de capitaines d'industrie.

Ainsi nous avons trouvé sur la plage d'Asnelles le lodévois Michel Chevalier et Simon Strahlheim. Pendant ce temps (7 octobre 1870), à Paris, Léon Gambetta, ministre de l'Intérieur de la IIIe République, fuyait la ville encerclée par les prussiens, à bord du ballon monté l'«Armand Barbès».

Francis Moreau
2020

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Notes :


[1] Né à Limoges (Haute-Vienne) le 3 avril 1806, mort au château de Montplaisir, près de Lodève (Hérault), le 28 novembre 1879. Polytechnicien (Mines), économiste, professeur et homme politique. Initiateur du traité de Libre-Échange franco-anglais de 1860, traité Cobden-Chevalier. Voir: Henri Leroy-Beaulieu, "Histoire des propriétaires de Montplaisir", extrait de Jean-Denis Bergasse dir., Hommage à Jacques Fabre de Morlhon (Mélanges historiques et généalogiques Rouergue-Bas-Languedoc, Albi, 1978, p. 15-26. Jean Walch, "Michel Chevalier, économiste saint-simonien", Paris, Vrin, 1975, 527 p. [Thèse soutenue à Paris IV en 1973. Comporte une bibliographie exhaustive des publications originales.].
[2] Supplément du Journal des Débats Politiques et Littéraires, Paris 8/12/1889: "Notice Historique sur la vie et les travaux de M.Michel Chevalier" par Jules Simon. Sur la durée du séjour de M.Chevalier à Asnelles voir une lettre adressée d'Asnelles à Arlès-Dufour datée du 21/09/1870; au préfet de l'Hérault du 6/10/1870; à Mr Gregori, de Bordeaux, du 11/04/1871. La seconde lettre à Mr Gregori datée du 16/05/1871 est envoyée de Lodève. Voir la thèse de Jacques Canton-Debat de l'Université Lumière de Lyon, chapitre XXXI "Aux portes de la nuit"; les Archives Départementales de l'Hérault; le catalogue de vente de la maison "Alde" de Paris 6e, vente du 8 juin 2017.
[3] Lettre du 13 octobre 1870. Université Lumière Lyon 2, Faculté de Géographie, Histoire, Histoire de l'Art et Tourisme, "Un homme d'Affaire lyonnais: Arlès Dufour (1797-1872). Thèse de doctorat présentée par Jacques Canton-Debat, 27 juin 2000. Chapitre XXXI Aux Portes de la Nuit. La famille Arlès est originaire de la ville de Lodève (Hérault). Jean François Arlès, le père de François Barthélémy Arlès-Dufour, a été baptisé à Lodève le 28 avril 1756.
[4] Édifiée en 1871-1872 sur le terrain appelé "Pièce de la Mare", section A n°278 de l'ancien cadastre, f° 191 de la matrice des propriétés bâties (Asnelles, Calvados).
[5] Pour la naissance de S.Strahlheim voir État-civil de Paris 10e, mariage du 10/02/1874, acte 157. Hofheim aujourd'hui Hofheim am Taunus (Land de Hesse). Voir article de "l'Encyclopédie de la vie juive avant et pendant l'Holocauste". Publié pour la première fois en 2001 par NEW YORK UNIVERSITY PRESS ; Copyright © 2001 par Yad Vashem Jérusalem, Israël.
[6] Longworth's American Almanach New York Register 1848; Doggett's, New York City Directory for 1849-1850.
[7] Hazard's United States, Commercial and Statistical Register, vol.V, Philadelphie, wednesday, july 7, 1841, n°1, page 5. The Illinois Free Trader, Otawa, III, Friday 11 june 1841.
[8] The New-York City Directory, for 1854-1855, page 680. En février 1855 un important incendie détruisit l'entier second étage occupé par la société Strahlheim & Co. New York Herald, Monday, February 26, 1855, page 445.
[9] Annuaire et almanach du commerce et de l'industrie de Paris, 1869,p.380c; 1872,p.327c; 1882,p.396. La "rue d'Hauteville" abritait de nombreuses maisons de négoce (tissus en gros et commissionnaires en marchandises).
[10] Daily Tribune 24/07/1854, le voyage se fera sur le vapeur "Pacific" de Liverpool à New-York, Compagnie American Collins line. Ce bateau sera coulé par un iceberg en janvier 1856; En 1865 le voyage sera effectué sur la vapeur "Europa" de la Cunard line, de New-York au Havre, The New York Times 22/07/1865; Le 10/09/1863, le couple, ses 4 enfants et 1 nurse, voyageront de New-York à Liverpool sur le vapeur "Persia" de la Cunard line. Le "Persia" était le navire le plus rapide de l'Atlantique avec ses deux roues à aubes en fer, de 12 mètres de diamètre.
[11] Henry Strahlheim, né le 2/11/1857 à New-York, décédé en 1930. Il épouse Lucile Anna Bonnaire le 8 mars 1900 à Paris 17e. En 1880 il est associé avec Maxime Cyon dans la banque Cyon et Strahlheim, 8 rue Taitbout, Paris 9e, qui fera faillite en 1885 (journal "Le Rappel" du 10/01/1885). Il résidait aussi à New-York, 96 Spring street.
[12] William Stralem, né le 1/10/1859 à New-York. Il épouse à Zurich (Suisse) Eléonore Schneebeli. Un temps agent aux USA pour une maison de caoutchouc, il dirige ensuite l'entreprise de cigarettes "Camel".
[13] Lina Strahlheim, née le 15/04/1863 à New-York. Le 27/02/1882, elle épouse à Paris 16e (acte 97) Bernhard Max Lyon (1854-1925), neveu d'Adolphe Hertz (l'associé de Simon Strahlheim).
[14] Julie Strahlheim, née le 25/12/1865 au 69 avenue des Champs-Élysées, Paris 8e; décédée le 20/04/1903 à Paris 16e (acte 606). Elle épouse le 15/07/1886 à Paris 8e Samuel Abel Raunheim, courtier en métaux. En 1915 ce dernier dénonce la collusion entre les Rothschild et l'entreprise Krupp. Il est poursuivi pour dénonciation calomnieuse (journal "Le Figaro" des 16/06/1915 et 17/11/1916).
[15] Georges Strahlheim, né le 30/07/1867 à Paris 8e. Parmi les témoins de sa naissance figure Alphonse Arlès-Dufour (1833-1921), fils de François Barthélémy. Georges, agriculteur, épouse le 15/06/1895 à Lima (Pérou) Joséphine Pastor Sevilla Calderon (Etat-Civil de Paris 16e, transcription du 9/12/1895). Elle est la fille de don Mariano Pastor Sevilla (1837-1881), héros de l'armée péruvienne, qui trouva la mort le 15/01/1881 lors de la bataille de Miraflores perdue devant l'armée chilienne qui occupera Lima.
[16] Alice Strahlheim, née le 9/01/1870 à Paris 16e. Elle épouse à Paris 8e le 19/05/1891 (acte 466), René Antoine Stiebel (1858-1902), militaire et écrivain folkloriste.
[17] État-Civil de Paris 16e, acte de décès du 7/02/1870 (n°117).
[18] Finna Strahlheim, née le 13/11/1855 à New-York, décédée le 23/04/1920, au 67 Bd Lannes, Paris 16e qui sera plus tard la maison d'Édith Piaf. Elle épouse le 20/03/1873 à Paris 8e, Adolphe Hertz, né le 14/06/1841 à Brunswick (Allemagne). Il trouvera la mort accidentellement dans les Alpes Autrichiennes en 1899. Leur fils Robert Walter Hertz, né en 1881, anthropologue et philosophe trouvera la mort le 13 avril 1915 à Marchéville (Meuse). Il avait épousé le 24/08/1904 à Paris 16e Alice Sarah Bauer (1877-1927). Voir Mariot Nicolas, "Histoire d'un Sacrifice, Robert, Alice et la guerre", éditions du Seuil, février 2017). Adolphe et Finna auront encore quatre autres enfants.
[19] Landmarks Preservation Commission, "Greene street, 229-34, in Soho-cast Iron, Historic District Designation Report, city of New York, 1973,page 92. Les premiers bâtiments avec des façades en fonte ont été construits aux États-Unis aux alentours de 1850. L'utilisation architecturale des métaux représentait une révolution en construction; dans l'espace de quelques années, le métal se substituait au béton comme élément principal et permettait un développement rapide de structures complexes.
[20] État-civil de Paris 10e, mariage du 10/02/1874, acte 157. Mathilde de Rosenthal est née à Varsovie (Pologne Russe) le 12/07/1848. Elle est décédée à Paris le 15/12/1914 (État-Civil de Paris 8e, acte 2484). Son père, David Rosenthal (1808-1889) était docteur en médecine, diplômé de l'Université de Vienne, médecin-chef de l'Ancien Hôpital Juif de Varsovie, membre honoraire de la Société médicale de Varsovie et de la Société physique et médicale de l'Université de Moscou. Il reçut la noblesse héréditaire en raison de ses services. Alexander Nicolaus von Trefurt est né en 1833 à Vilnius (Lituanie). Il est le fils de Alexander Fedorovich von Trefurt (1787-1855) et de Feliciana von Salinger.
[21] Rachel Olga Strahlheim, née le 28/10/1877 au 6, rue Leroux à Paris (État-Civil de Paris 16e acte 901), décédée le 18/07/1919 au 31 avenue Hoche, Paris 8e. Elle avait épousé le 8/01/1896 à Paris 16e: Alphonse Henri Albert Furst (1870-1930), Directeur de la Banque Française pour le Commerce et l'Industrie, administrateur délégué de la Société de Crédit Foncier Colonial et de plusieurs sociétés.
[22] Jacques Maurice Cohn, commissionnaire en marchandises 21 rue d'Hauteville, Paris 10e, né le 3/12/1834 à Varsovie, décédé le 10/01/1925 à Enghien-le-Bains. Il avait épousé Élise Évelyne de Rosenthal (1838-1901), sœur de Mathilde Strahlheim. Son père, Matis Cohn est connu comme insurgé varsovien de 1863 et auteur d'un poème "Aux enfants polonais" consacré à la fraternité judéo-polonaise. Jacques Cohn était membre de la loge maçonnique du Mont-Sinaï (Daniel Tollet, "Les francs-maçons polonais émigrés en France et l'émancipation juive en Pologne au XIXe siècle"). Jacques et Élise Cohn eurent 4 enfants (Wladimir 1858; Louis 1862; Charlotte 1864; André 1875). Louis, né en 1862, épousa Marie Henriette Chevallier, la soeur de l'actrice de théâtre Eugénie Chevallier connue sous le pseudonyme de "Blanche Cavelli". Louis et son frère Wladimir, étaient membres du cercle dramatique "Les Gaulois" cité par Adolphe Aderer dans le "Théâtre à côté" en 1894.
[23] Annal Report of the Directors of Mount Sinaï Hospital, Incorporated february 1850, January 1884, New York: Steam Printing Office Industrial School Hebrew Orphan Asylum, n° 187 & 189 East 76 th street, 1884.
[24] Simon Strahlheim est inhumé au cimetière Montparnasse à Paris. Le sculpteur Louis Maximilien Bourgeois a réalisé le buste en marbre de "Feu M.Strahlheim" exposé au salon de 1894.
[25] Stephen Birmingham, "Our Crowd" the great jewish families of New York, éd.Harper & Row, New York 1967.
[26] "Le Figaro" du dimanche 31/07/1887, p. 2; "Gil Blas" du lundi 1/08/1887;"Le Petit Parisien" du jeudi 1/08/1889; "Le Figaro" du vendredi 1/08/1890; "La Liberté" du samedi 30/07/1892; "Le Temps" du 30/07/1892, (remise des prix). Aimé Godard sera directeur de l'école de 1869 à 1895.