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Francis Moreau

Présentation de travaux de recherches historiques et généalogiques

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Une formidable aventure : La cathédrale de Lodève

 

Lyon 28 juin 1245

Dans la cathédrale Saint-Jean de Lyon, l'évêque de Lodève Guillaume de Caselles célèbre au milieu de 150 autres évêques, de nombreux abbés mitrés, des princes séculiers, des ambassadeurs, l'ouverture solennelle du 13ème concile œcuménique de l'Eglise Catholique présidé par le pape Innocent IV. L'objet principal de ce concile est la déposition de l'Empereur Frédéric II de Hohenstaufen dont les troupes occupent les Etats de l'Eglise. Roi des romains, roi de Germanie, d'Italie, de Sicile et de Jérusalem, la puissance de l'Empereur menace directement celle du pape qui déteste ce lettré, épicurien de surcroît, entouré d'une cour où les sarrasins tiennent le haut du pavé. La déposition du prince est proclamée le 17 juillet. Aussitôt après le concile est dissous. Frédéric II meurt cinq années plus tard, on peut visiter son tombeau dans la très belle cathédrale de Palerme en Sicile.

Par cette condamnation solennelle, le pape voulait démontrer qu'il disposait des deux glaives, le spirituel et le temporel, et que s'il pouvait retrancher de la communion de l'Eglise, il pouvait aussi priver un souverain du pouvoir politique. Guillaume de Caselles, qui était évêque, mais aussi seigneur temporel de son diocèse, ne pouvait qu'approuver cette vision théocratique et présentement effective du dominium mundi. Point de vue également partagé par Jean Baussan, métropolite d'Arles, presque constamment en lutte contre le mouvement anticlérical de la Confrérie des Baïles, qui regroupait les notables de la ville. En 1251, à la suite d'une nouvelle péripétie, il devait définitivement perdre son pouvoir temporel au profit du comte de Provence.

En attendant, les deux hommes qui partageaient le même toit à Lyon, se comprirent suffisamment, au point que l'évêque de Lodève osa demander à l'Archevêque d 'Arles une faveur insigne : une relique de saint Genès, le saint patron des deux églises. [1]

Le bras de saint Genès

Genès avait été martyr sous la persécution de l'Empereur Romain Dèce, en 250. Fonctionnaire Impérial, il avait refusé d'enregistrer les édits de persécution des chrétiens promulgués par l'Empereur.

Le culte des reliques était alors à son apogée. Une foule de croyants, désireux de recevoir des grâces particulières ou de guérir de certaines maladies, aimait à approcher les reliques, à les toucher, à s'imprégner du fluide bienfaisant qui émanait d'elles. La dispersion et la fragmentation des ossements sacrés étendirent même ce privilège aux châsses et à la pierre des tombeaux. A Lodève, depuis près de 40 années, le corps de saint Fulcran était l'objet d'un culte semblable qui attirait de nombreux pèlerins. Posséder des reliques était donc un judicieux placement pour l'économie locale en même temps qu'une source inégalée de prestige pour l'église qui les détenait.

Jean Baussan était prodigue avec les trésors épiscopaux de sa ville. Sans doute acquiesça-t-il sans difficulté à la requête de son collègue, d'autant que l'évêché de Lodève avait été fondé autrefois par un missionnaire d'Arles. Aussi Guillaume de Caselles s'en revînt-il dans son diocèse, comblé et déterminé à rehausser le prestige de son Siège par une action éclatante.

La cathédrale de l'époque était la vieille église romane consacrée par saint Fulcran en 975. Dans la chapelle saint-Michel on y vénérait, bien avant la translation de 1209, le corps parfaitement conservé du saint, qui reposait dans un sarcophage antique qu'on pouvait encore voir au XIXe siècle. Pour Guillaume de Caselles et ses contemporains, elle paraissait bien sombre cette cathédrale à côté des vastes églises gothiques du nord de la France, illuminées par de hautes verrières multicolores. Aussi fût-il décidé d'étudier les moyens de remédier à cet inconvénient par des travaux d'aménagements, voire des constructions nouvelles. En attendant, et afin d'accueillir convenablement les reliques, on aménagea la crypte, reste de l'antique cathédrale mérovingienne, en martyrium et on entrepris la transformation du chevet roman afin que reliques et objets sacrés pussent être admirés et vénérés par les fidèles dans un chœur convenablement éclairé et suffisamment spacieux pour que les jours de fêtes, le plus grand nombre de fidèles puissent approcher avec recueillement des saintes reliques, sans bousculade.

Afin de financer les travaux nécessaires à la nouvelle église, Guillaume de Caselles promulgua les statuts synodaux du diocèse, rédigés en 1252 par le célèbre canoniste Pierre de Sampson, et y fit inscrire l'obligation pour les recteurs de paroisses d'aider à l'édification de la nouvelle cathédrale. [2] En 1253, il attribua le produit des dîmes des Salces et de Saint-Privat aux multiples travaux et réparations. [3] Il lança aussi des quêtes itinérantes dans le diocèse et peut-être au-delà, conduites par des clercs-collecteurs moines ou chanoines. En administrateur avisé, il avait dès 1246 réaménagé les règlements sur le Droit de Coupe, sur le Poids Public ainsi que sur la Leude et les Péages. Les sommes à mobiliser pour une telle entreprise étaient énormes et rien ne devait être négligé. [4]:

En 1257, les travaux à peine commencés, une députation mixte composée de clercs de l'évêque et de chanoines fut envoyée en Arles pour y recevoir les reliques promises. Jean Baussan lui remit solennellement un bras et un peu du sang de saint Genès. Le chemin du retour vers Lodève pris plusieurs jours et à chaque étape les saintes reliques étaient exposées à la ferveur des fidèles. Ceux-ci ne lésinaient pas sur les oboles afin d'assurer leur salut et pouvoir espérer une vie meilleure dès ici-bas. Le souci de l'eau-delà et la mauvaise conscience de la bourgeoisie, confrontée à une église hostile à l'idée de profit, les obligeaient à donner ou léguer une partie de leur fortune à des œuvres pieuses. Ainsi s'instaurait un puissant moyen de financement de la cathédrale.

Lorsque les reliques arrivèrent à Lodève, la cathédrale n'était plus qu'un chantier. Peut-être même avait-on provisoirement transféré les offices dans l'église paroissiale Saint-André. Elles furent déposées en grandes pompes dans la crypte de la cathédrale romane épargnée par l'enthousiasme des bâtisseurs et placées à côté du sarcophage de saint Fulcran, lui aussi déposé momentanément dans ce lieu.

Guillaume de Caselles devait mourir peu après, le 23 octobre 1259. C'est dans l'église du prieuré Saint-Michel de Grandmont, devant l'autel, qu'il fut inhumé. Il avait été un insigne bienfaiteur de ce monastère et l'état du chantier de la nouvelle cathédrale ne lui permettait sans doute pas de reposer au milieu de ses prédécesseurs.

Et l'œuvre magnifique resplendit (Abbé Suger)

La construction de la cathédrale gothique, telle que nous la voyons aujourd'hui, se situe entre deux évènements : l'arrivée des reliques de saint Genès en 1257 qui entraîne la construction de l'édifice et l'édification du baptistère en 1480 qui clôt le chapitre des constructions. Le rythme n'en fut pas continu : soixante années de travail rapide, suivi d'un siècle et demi de travail plus lent interrompu à deux reprises par manque d'argent ou par des guerres.

Nous ne savons pas quels en furent les Maîtres d'œuvre, mais on peut penser que Pierre de Pézenas, le constructeur de l'église Saint-Paul de Clermont l'Hérault fit partie de l'équipe chargée de concevoir le chevet et l'abside. Il est à noter à la même époque, la construction de la cathédrale de Béziers qui a peut-être inspiré les architectes de Lodève.

Choeur de la cathédrale de Lodève
Chœur de la cathédrale de Lodève.

En 1265, sous la vigoureuse impulsion de l'évêque Raymond de Rocozels, abside, chevet et peut-être la chapelle Saint-Michel du clocher, sont partiellement terminés. La crypte est rabaissée, dotée d'une double paroi interne, couverte de trois travées en berceau supportées par des arcs en plein cintre appuyés au centre sur un réseau dense de piliers quadrangulaires. L'abside se distingue par sa forme polygonale et surtout par ses 9 hautes fenêtres qui illuminent l'intérieur de l'édifice et semblent donner raison à Suger, abbé de Saint-Denis, lorsqu'il fait inscrire dans la pierre de son église : Le milieu du sanctuaire brille dans sa splendeur. Resplendit en splendeur ce que l'on unit splendidement... [5]

Les colonnettes engagées, au long de chaque pan, convergent en faisceau vers la clef de voûte sculptée qui représente le martyr de saint Genès. Au pied d'un arbre, le condamné, accroupi, est tenu aux cheveux par un bourreau qui s'apprête à le décapiter. C'est bien en l'honneur de saint Genès qu'est élevée la cathédrale, comme pour constituer un reliquaire de lumière.

Les deux travées formant le chœur des évêques et celui des chanoines sont achevées en 1270. Cette première partie est nettement placée sous le signe du gothique méridional : nef unique, contreforts, relative étroitesse des percées. Toutefois, sur le côté nord de l'édifice principal, on devait construire entre 1318 et 1322, une étroite et longue chapelle, destinée à remplacer la vieille église Saint-André qui tombait déjà de vétusté.

En 1280, le bas-côté nord est amorcé ainsi que la chapelle Saint-Fulcran. L'évêque Bérenger de Boussagues fit élever le portail d'entrée précédé de son porche. Pendant son court épiscopat (1280-1284), le chœur reçoit sa voûte et est fermé provisoirement en attendant la suite des travaux. Ils ne s'arrêteront pas pour autant, puisqu'entre 1318 et 1330 les murailles des bas-côtés nord et sud sont achevées, ainsi que les chapelles adjacentes. La nef sera élevée en 1318, sous l'épiscopat de Guillaume de Mandagot (1313-1318). La construction du clocher prendra plus d'une vingtaine d'années. Il est tout à fait terminé en 1320 sous l'épiscopat de Jacques de Concots [6]. Lorsque Bernard Gui monte sur le trône épiscopal (1324), les travaux sont à l'arrêt faute de moyens suffisants. Les bas-côtés et la nef ne sont pas encore voûtés, mais la maison du Chapitre et la salle Capitulaire sont fonctionnels.

Bernard Gui préfère se consacrer à la réorganisation spirituelle et temporelle de son diocèse et gèle provisoirement les travaux afin de ne pas mettre les finances de son évêché en péril. Ceux-ci vont reprendre en 1345, avec le voûtement des bas-côtés et l'élévation de la moitié inférieure de la façade Ouest[7].

La Guerre de Cent Ans

Tous ces travaux vont être brutalement interrompus à partir de 1350 en raison de l'insécurité chronique engendrée par la Guerre de Cent Ans. La ville doit financer la construction de nouveaux remparts, l'évêque et le Chapitre sont priés de participer à l'effort commun. Les nouvelles murailles de défense sont achevées en 1356. Anglais et Grandes Compagnies se répandent dans la région, entrainant de lourdes charges financières pour la ville afin de se protéger contre leurs entreprises. Pis, en 1380 Lodève prend le parti du comte de Foix, Gaston-Phébus, contre le duc de Berry pourtant nommé par le Roi au gouvernement du Languedoc. Il faudra demander pardon pour cet acte de désobéissance au prix de 6 francs or par feu. La ville est épuisée, d'autant que son terroir est régulièrement pillé par les Anglais qui écument la région à partir des châteaux de Roqueredonde et des Plans. La situation restera alarmante jusqu'en 1439, mais dès le début du siècle les évêques se sentiront assez forts pour reprendre les travaux de la cathédrale en l'insérant dans le nouveau système de fortifications.

Dernières campagnes de construction

Clocher de la cathédrale de Lodève
Le clocher de la cathédrale de Lodève.

C'est l'évêque Michel Lebœuf (1413-1429) qui relance le chantier de la cathédrale grâce à un legs de son prédécesseur Jean Lavernhe (1398-1413). Ce grand prélat avait été secrétaire du duc d'Orléans puis du duc de Berry. Seigneur de Versailles, alors arrière-fief de la Norville près Voisins-le-Bretonneux (Yvelines), il était aussi membre du Conseil de Languedoc et député aux Etats du Languedoc. Il entreprend de terminer la façade Ouest de la cathédrale en la fortifiant avec toute la panoplie du système défensif en usage au début du XVe siècle : Echauguettes, machicoulis, galerie de circulation.... (1413). Il la dote aussi d'une magnifique rosace flamboyante d'un style presque identique à celles des églises Saint-Paul de Clermont l'Hérault et Saint-Nazaire de Béziers. Peut-on en conclure qu'elle a eu les mêmes tailleurs de pierre, Johan Guichard et Guilhem Dauros ? Il fait aussi procéder au voûtement de la grande nef et fait placer les vitraux du choeur et de la rosace par le peintre verrier Guillaume Albaret et ensuite Christian Frédéric ou Friedrich, peintre-verrier de Montpellier, peut-être venu de Cologne en Allemagne pour se mettre au service de Pierre de la Treilhe [8] . Michel le Bœuf autorise aussi les sigilliers à prendre des pierres dans la carrière réservée à la cathédrale afin de restaurer le pont de Lergue détruit par les intempéries (1423). [9] Il lance également la construction du cloître de la cathédrale, tous travaux qui seront achevés sous l'épiscopat de son successeur Pierre de la Treilhe (1430-1441).

Guillaume d'Estouteville
Cardinal Guillaume d'Estouteville.

Il reviendra au cardinal Guillaume d'Estouteville de faire réaliser la décoration intérieure de la cathédrale par le peintre Mathieu de la Tour. [10] Guillaume d'Estouteville est un prélat fastueux et amis des arts. Il est Abbé du Mont-Saint-Michel (1444-1483), Abbé de Saint-Ouen de Rouen (1462), Evêque de Lodève (1449-1462) et Archevêque de Rouen (1453-1483). Il fait construire un jubé avec des peintures sur bois représentant à gauche des scènes de l'Ancien Testament et à droite du Nouveau. Le soubassement du chœur est orné d'une fresque représentant une tenture damassée. La voûte quant à elle est couverte d'une peinture azurée parsemée d'étoiles.

Jean de Corguilleray (1462-1488) mettra un terme à tous ces travaux. Originaire de Corquilleroy (Loiret), Conseiller de Louis XI et de Charles VIII, Jean de Corguilleray est aussi Abbé de Saint-Ouen (1455-1462), de Saint-Thibéry (1465-1488) et de Saint-Guilhem (1465-1488), il est également Président des Etats du Languedoc réunis à Montpellier en 1477 et 1484. Il fait prolonger la chapelle Saint-Fulcran par une travée supplémentaire afin d'exposer plus aisément la dépouille du saint évêque de Lodève et d'y placer son propre tombeau qui sera détruit en 1573. Et enfin, il fait construire un baptistère, contre la tour du clocher. Ces travaux s'étaleront encore entre 1470 et 1480.

Ainsi s'achève le grand chantier de la construction de la cathédrale de Lodève, pour lui donner l'aspect que nous lui connaissons de nos jours.

Les destructions de 1573, causées par les Huguenots, ne modifieront pas substantiellement l'aspect tant extérieur qu'intérieur de celle-ci. La reconstruction des voûtes de la nef et du chœur par Jean de Plantavit de la Pauze (1625-1648) à partir de 1627, le nouveau jubé, laissèrent intacts les dispositions précédentes. Notons cependant la réunion des chapelles du Rosaire (de la Vierge) et de Saint-Blaise (dite aussi « de Fleury ») en 1672 [11]. Hors le Jubé, détruit en 1764, le XVIIIe siècle n'apportera que quelques révisions décorative, dont la plus imposante est sans conteste la tribune en pierre et son balcon en fer forgé, qui soutient l'orgue de Jean-François l'Epine.

Un immense reliquaire

On construisait la maison de Dieu à l'image de la Jérusalem Céleste, et cette maison de Dieu était chose admirable : elle était le lieu du culte et la maison du peuple écrit Jean Gimpel. Contemplant la cathédrale de Lodève à la clarté des étoiles, le chanoine Elisée Lazaire notait : Quand la lune joint sa clarté à celle des étoiles, on dirait un immense reliquaire en vieil argent, que l'ombre de ses puissants contreforts fait davantage ressortir. (...) C'est un reliquaire, avons-nous dit, vaste châsse de pierre qui renferme les ossements de saint Fulcran, des fragments considérables de saint Flour, de saint Amans et de saint Georges, les corps de ses évêques, de ses chanoines, de ses archiprêtres, ensevelis sous ces voûtes ajourées. Voilà qui nous ramène à saint Genès et à ce XIIIe siècle lumineux qui vit s'élever notre cathédrale, Jérusalem cité céleste, bienheureuse vision de paix, bâtie avec des pierres vivantes et dont le faîte atteint les astres. (hymne de la Dédicace). [12]

Cœlistis urbs Jerusalem,
Beata pacis visio,
Quœ celsa de viventibus
Saxis ad astra tolleris.

Francis Moreau
2010


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Notes :


[1] M.H.Fisquet, La France Pontificale, Etienne Repos, Montpellier deuxième partie, p.357. Petro Saxo : Pontificium Arelatense seu Historia Primatum sanctæ Arelatensis Ecclesiæ, Aquis Sextiis, Joannis Roize, 1629, p.278.
[2] Ecclesiarum rectores et alii beneficia ecclesiastica habentes adjuvent hedificium ecclesie majoris. Forma Synodi, chap. XII. Publié par Douais, Un nouvel écrit de Bernard Gui : le Synodal de Lodève, p.43. Voir aussi A.Artonne, Le Livre Synodal de Lodève, Paris 1950.
[3] Episcopus et capitulum lodovenses, in reparationem ecclesie sancti Genesii, dederunt decimas quas habebant in parrochia sancta Marie de Salsis et de Sancto Privato in reparationem ejus aliquibus exceptis; Et cum pacto quod quando dicte decime ad reparationem non applicabuntur, redibunt ad episcopum et capitulum. Acto 1253, 3e nones julii. J.Rouquette, Cartulaire de l'Eglise de Lodève, Livre Vert, Montpelier 1911, p.59.
[4] E.Martin, Cartulaire de la ville de Lodève, Montpellier 1900, doc.XLVIII, XLIX, L, pp.41 à45.
[5] trad. Jean Gimpel, Les Bâtisseurs de cathédrales, Le Seuil 1966, p.23.
[6] D'après Laurent Barrenechea, Conservateur Régional des Monuments Historiques, le clocher serait de la première campagne de construction au XIIIe siècle et aurait été originellement accolé à l'ancienne cathédrale construite par saint Fulcran. La chronologie serait celle-ci: 1250 construction du clocher, 1280 construction du choeur, 1350 élévation de la façade occidentale."La cathédrale St-Fulcran de Lodève, joyau de l'architecture gothique en Languedoc", Mémoire de fin de IIe cycle, École d'Architecture du Languedoc-Roussillon, session de juin 2001. Une autre hypothèse soulevée serait celle d'un donjon défensif du XIIe siècle transformé en clocher au siècle suivant. Les études archéologiques entreprises lors de sa restauration montrent plutôt une grande unité de style qui dénoterait le XIVe siècle. La chapelle Saint-Michel "juxta majorem ecclesiam" est mentionnée dans un acte de Guillaume de Caselles (1241-1259) concernant le prieuré Saint-Michel de Grandmont.
[7] Plusieurs anomalies semblent contredire l'attribution d'une construction trop précoce du clocher ou trop tardive de la cathédrale : Guilhem de Caselles, qui fait édifier la chapelle Saint-Michel des évêques et y nomme un chapelain de l'Ordre de Grandmont, se fait inhumer dans le prieuré de Grandmont et non dans cette chapelle (Inventaire Briçonnet, catalogue des évêques); Bernard Gui qui arrive à Lodève en 1324, d'ordinaire si méticuleux, ne cite pas la dédicace de la nouvelle cathédrale gothique, mieux, il attribue sa construction à saint Fulcran "Ecclesia Sancti Genesii, in qua sacrum corpus beati Fulcranni episcopi et confessoris, integrum conservatur, qui eandem ecclesiam consecravit anno nongentesimo LXXXV° indicione tertia regnante Lothario Francorum rege" (Inventaire Briçonnet f°37 G); il ne mentionne pas la crypte en tant que "martyrium"; il situe le tombeau de saint Fulcran dans la chapelle Saint-Michel (Acta Sanctorum, 1658, février II, addenda, 13 février); il ne mentionne pas la chapelle Saint-Fulcran; En 1891 on pouvait encore voir le tombeau de saint Fulcran dans la chapelle Saint-Michel (Vie de Saint-Fulcran, par M. Debousquet, Lodève 1891, p.56); les reliques de Saint-Genès sont arrivées entre 1245 et 1255 "Ecclesiae Lodovensi Beati Genesii Arelatensis Martyris relequias concessit, brachium (videlicet) et sanguinem prixide inclusum..." (P.Saxo, Pontificium Arelatense seu Historia Primatum sanctae Arelatensis Ecclesiae, Aquis Sextiis, Joannis Roize, 1629, p.278; enfin la bulle de Nicolas IV en 1289, accordant des indulgences pour les visiteurs de la cathédrale, permet de penser qu'à cette époque celle-ci est déjà édifiée et fonctionnelle, voir E. Martin, tome II, p.391.
[8] E.Martin, Histoire de la ville de Lodève, p.349, Cartulaire doc. CXXXIII, p.185.
[9] E.Martin, Cartulaire de la ville de Lodève,doc.CXVIII, p.154. Histoire de la ville de Lodève, pp.345 et 351.
[10] E.Martin, Histoire de la ville de Lodève, p.350, Cartulaire doc.CXLVI, p.206. Andréas Curtius, Die Kathedrale von Lodève und die Entstehung der languedokishen gotik, Hildesheim, Zurich, New-York, 2002, p.148.
[11] ADH 2E39/531, Guillaume Brun, notaire, Prix-fait du 20 septembre 1672. Ancienne chapelle du Chapitre, la chapelle Saint-Blaise abrite la tombe de la famille du cardinal de Fleury depuis 1646, voir ADH Guillaume Brun, notaire, 2E39/505, Prix-fait du 17 avril 1646.
[12] Elisée Lazaire, Lodève ses Légendes ses Saints, Montpellier 1925, pp.170 à 174. Contrairement à ce que fait croire l'usage introduit à partir du XVIIe siècle, 1676 exactement, Saint Genès est toujours le patron de la cathédrale en association avec Saint Fulcran. Le Bras de saint Genès a été détruit par les Huguenots en 1573.